16 avril 2008
Parution: les pertes de la guerre.
Le chiffre global d'1,4 million de morts (dont les disparus) est confirmé et en même temps nuancé : il recouvre différentes réalités et englobe les militaires morts de maladie jusqu'en juin 1919 (75.000 environ) ainsi que les morts étrangers et coloniaux (75.000 environ). Les pertes militaires de la population française sont donc d'1,325 million, et parmi elles les morts directement liées aux combats 1,25 million.
Le mode de constitution des chiffres, les incertitudes statistiques, en particulier pour les blessés et malades, et les débats sur les pertes sont également étudiés.
10 avril 2008
Parution: témoignage de Jérôme Castan
Un « col blanc » dans la guerre.
« Carnets de guerre 14-18 », Revue de l’Agenais, n°1, 2008, pp. 57-94.
Lafon Alexandre, « Témoignage de guerre d’un « col blanc », Jérôme Castan (1914 – 1918), Revue de l’Agenais, n°1, 2008, pp. 95-112.
Jean Norton Cru notait dans Témoins en 1929 le peu de témoignages qu’il avait pu étudier de combattants non bacheliers. A regarder les nombreux récits de combattants publiés depuis, peu de témoin appartiennent à la catégorie des « cols blancs » : employés de bureau, de banques, liés à l’essor du travail salarié et des services dans la société française.
Une pièce de plus à verser dans le dossier d’une histoire sociale de
4 avril 2008
Parutions: dernier poilu, violence de masse
-Dans le Monde diplomatique d'avril 2008, Nicolas Offenstadt revient sur l'hommage au "dernier poilu".
-Plus qu'une parution, c'est la mise en ligne d'un projet important: l'encyclopédie des violences de masses, dirigée par Jacques Sémelin (en anglais). Pour 1914-1918 on y trouve notamment des éléments sur l'empire ottoman et le génocide des arméniens.
1 avril 2008
Une réunion au Service Historique de la Défense (SHD) de Vincennes
L’exposé initial de la situation du SHD et des archives est d’un très grand intérêt : on savait le site inadapté, cela a été confirmé. Le pavillon des armes, salle de lecture actuelle des archives de l’armée de terre, est dans un état de vétusté et de sécurité qui limite le nombre quotidien de lecteurs. Surtout, la dispersion et l’éclatement tant des dépôts que des salles de consultation et de communication (bibliothèques, salles de lecture) et des services techniques (reliure, reproduction, etc.) génère de la confusion et des flux incessants – que tous les utilisateurs connaissent, qui ont vu des militaires traverser en tous sens les cours du château et les camionnettes transporter les cartons d’archives d’un point à un autre. De plus, le site est partagé entre le ministère de la Défense et celui de la culture qui gère et fait visiter le Donjon et la Sainte-Chapelle (monuments historiques) ce qui peut être source de difficultés supplémentaires pour les publics et les agents.
Des suggestions et propositions ont ainsi été avancées depuis la salle. L’idée d’une ouverture « nocturne » (17-20h au moins) un jour par semaine a été avancée : cela permettrait à tous ceux qui travaillent de ne pas avoir à systématiquement prendre un jour de congé pour venir aux archives ! Comme pour l’ouverture hypothétique le samedi, toutefois, on se heurte là à des problèmes de personnel, dans un contexte peu propice aux recrutements
On suggère aussi, concernant les nouvelles technologies, l’accès au WiFi dans les salles (envisageable, mais des problèmes de sécurité se posent) et un meilleur contrôle de la photo numérique, source souvent de nuisances sonores pour les autres lecteurs.
La grande question est celle de la numérisation des inventaires et des instruments de recherche. Pour certains d’entre eux (Ancien Régime) elle est sensible et coûteuse. On a pu (re)découvrir à cette occasion que de nombreux inventaires sont déjà en ligne, dont, ce qui est crucial pour la Grande Guerre, ceux de la série N.
Changements à l’horizon L’amélioration des services avec l’application de la « charte Marianne » est déjà sensible : ouverture le lundi des archives du SHD-terre depuis fin 2007. D’autres changements sont prévus : un déplacement de cette salle de lecture vers le Pavillon du roi (2e cour, à droite) à l’horizon 2009, où toutes les places seront équipées d’une prise électrique (!), ainsi que l’acquisition de 75 km linéaires supplémentaires de magasins au Fort Neuf de Vincennes (toujours un problème de flux à prévoir…).
André Loez
Crid 14-18
19 mars 2008
Dernier Poilu: N. Offenstadt à "C dans l'air"
Mardi 18 mars, Nicolas Offenstadt était invité à l'émission "C dans l'air" de France 5 pour évoquer la mémoire de 14-18 et du "dernier poilu". On peut durant quelques jours revoir l'émission en ligne.
16 mars 2008
Quel hommage pour quel poilu ? Réponses à Ivan Levaï.
Ivan Levaï s’en indigne sur France Inter ce 16 mars :
« Serait-ce trop ? Oui, selon LE MONDE qui juge ce cérémonial grandiloquent. Et trop, selon l’historien Nicolas Offenstadt, spécialiste de la Grande Guerre, qui enseigne à Paris I. Selon lui, il faudrait redouter, au lendemain des élections municipales, une nouvelle polémique, sur la récupération de la mémoire.
« Je regrette, dit-il en page 10 du MONDE aujourd’hui, cet usage de l’Histoire. On propose une cérémonie d’adhésion et de glorification, au lieu d’un moment de réflexion. Il y a le même déploiement que pour la lettre de Guy Môquet.» Et badaboum, c’est reparti pour un tour. Le second est déjà annoncé pour mardi prochain, au plateau des Glières où Nicolas Sarkozy doit honorer les héros de la Résistance.
Résumons : Guy Môquet, shoah, dernier poilu, résistance en Haute-Savoie, interdiction au chef de l’État de dire quoi que ce soit. (...)
L’Histoire aux historiens… et silence et justification imposés aux témoins? »
Cet ensemble de confusions par un chroniqueur pressé amène à quelques précisions. Il ne s’agit pas d’en faire « trop » mais de faire ringard, traditionnel et très conservateur. Par ailleurs l’article du Monde juge en regard de ce que voulait le dernier poilu. En ce sens, il rappelle légitimement que l’État rebâtit ici à sa manière le rituel qui a failli lui échapper parce que les deux derniers poilus ont d’abord refusé les obsèques nationales, sans compter le profil atypique du der des ders (un italien engagé dans la légion qui combat à partir de 1915 dans l’armée italienne)...
Ce qui me frappe, en tant qu’historien, n’est évidemment pas ce dont parle Ivan Levaï. La parole des témoins est notre matériau et un matériau essentiel. En revanche, la mort du dernier poilu étant envisagée de longue date, elle aurait pu être l’occasion, en effet, d’un « moment de réflexion ». Cela impliquait d’ouvrir un espace de discussion (sous forme d’une site ressource par exemple), de mettre les artistes à contribution, qui ont tant fait pour les mémoires de la Grande Guerre : Pourquoi ne pas prévoir des diffusions sur écrans de plein air de films marquants ou une semaine du cinéma de 14/18 ? Pourquoi ne pas organiser dans les écoles une représentation théâtrale autour de la Grande avec tant de pièces qui permettent de parler de la guerre avec modernité (on pense par exemple aux formidables Mémoires d’un rat mises en scène par Christine Bussière), plutôt qu’un cours solennel dans les classes sur tout le territoire de la République comme c’est envisagé (et cela rappelle bien l’affaire Guy Môquet, voir le site du CVUH), ou bien des lectures, pour tous, par des comédiens, de témoignages des combattants ? Lorsque sur le Chemin des Dames, par une belle journée d’été de juin 2007, lors d’un hommage aux tirailleurs sénégalais qui fut marqué par l’inauguration d’une oeuvre évocatrice de Christian Lapie, Manu Dibango joua quelques notes de saxophone et que fut lu avec talent le poème de Senghor aux tirailleurs sénégalais, l’hommage y était, l’émotion et la réflexion aussi. Et ce n’était qu’une cérémonie modeste à l’échelle du Chemin des Dames...
Pourquoi ne pas innover, inventer des formes commémoratives contemporaines, pour parler aux contemporains, plutôt que l’éternelle cérémonie aux monuments aux morts, les honneurs militaires et la pose d’une plaque dans un lieu qui en compte déjà des dizaines en mémoire des combattants de 14/18 (voir les galeries à l’étage dans la cour centrale) ? En 1998, Jean-Pierre Masseret, secrétaire d’État aux anciens combattants, qui n’était pas un révolutionnaire de la mémoire, avait déjà prôné de nouvelles formes commémoratives pour la Grande Guerre... Autrement dit, lundi, on risque bien, de nouveau, de voir se déployer l’éternel grand récit national, l’appel à une citoyenneté d’adhésion et non pas à une citoyenneté de réflexion qu’auraient encouragé des lieux de débats ou de déploiement artistique. Voici précisées ces quelques lignes du Monde.
Nicolas Offenstadt
Université de Paris I Panthéon-Sorbonne/Crid 14-18
13 mars 2008
APPEL A COMMUNICATION: La Grande Guerre aujourd'hui, Mémoire(s), Histoire(s) (Agen, novembre 2008)
Objet : Appel à communication –
Journée d’études – samedi 14 novembre 2008, Agen (Lot et Garonne).
Dans le cadre des commémorations du 90e anniversaire de la signature de l’armistice du 11 novembre 1918, l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Agen et l’association les Amis du Vieux Nérac organisent une journée d’études autour de
Quelles sont ces mémoires liées à 14-18 : mémoires de familles dont les membres ont été décimés par la guerre, mémoires des combattants, mémoires des civils, mémoires des « indigènes » mobilisés dans l’armée nationale ? Autant de destins, autant de mémoires qui ont circulé jusqu’à nous par le biais des témoignages, des objets pieusement conservés, des monuments érigés lisibles dans le paysage actuel des départements, dont celui du Lot et Garonne. Quels aspects particuliers rapprochent ou opposent ces mémoires du conflit, et comment l’historien s’appuie sur elles pour en élaborer l’histoire? Ces questions essentielles pour qui veut mieux comprendre
Axes de travail :
A partir de cette problématique générale, cette journée d’études se propose d’explorer les mémoires de
- Traces de 14-18 : quelles sont aujourd’hui les traces de l’événement, lisibles dans les familles ou l’espace public qui servent de support aux mémoires et à l’écriture de l’histoire du conflit. Témoignages publiés ou conservés encore dans les armoires familiales, photographies, archives officielles des autorités civiles ou militaires, monuments aux morts, cimetières, objets fabriqués au front… Autant de supports vecteurs d’une perception du conflit, de mémoires plurielles et de sources pour l’historien.
Les départements du Sud Ouest et celui du Lot et Garonne en particulier pourront être particulièrement étudiés dans le cadre de ce premier axe.
- La place de
Procédure de communication
Afin de porter sa candidature à l’attention des organisateurs, il s’agit de faire parvenir au comité scientifique dont l’adresse est précisée ci-dessous le titre et la présentation de leur projet de la communication (1500 signes maximum) avant le 1er mai 2008. Les candidats retenus se verront alors contacter et préciser les modalités de présentation du texte final et de leur intervention. A l’issue de la journée, l’ensemble des communications sera publié dans les meilleurs délais conjointement par les Amis du Vieux Nérac et l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Agen.
Comité scientifique
Pour cette journée d’études, le comité scientifique est composé d’Alexandre Lafon, Professeur d’Histoire et Géographie et doctorant à l’Université de Toulouse II – Le Mirail ; de Céline Piot, Professeur d’Histoire et Géographie, doctorante à l’Université de Bordeaux III et présidente des Amis du Vieux Nérac; de David Mastin, professeur d’Histoire et Géographie, doctorant à l’Université Paris X- Nanterre, de Bertrand Solès, vice-président de l’Académie des Sciences, Art et Lettres d’Agen.
Contacts et renseignements
Journée d’études : «
– Lafon Alexandre – 0553877824 - carpediem16@wanadoo.fr.
12 mars 2008
La mort du "dernier poilu", Lazare Ponticelli
On apprend le décès à 110 ans de Lazare Ponticelli, dernier survivant connu de la Première Guerre mondiale en France, et pour cela désigné partout comme le "dernier poilu" depuis la mort de Louis de Cazenave en janvier dernier.
Ce peut être le moment de réécouter les récits confiés à une journaliste de Libération en 2005 et dont le Forum du Crid 14-18 s'était fait l'écho.
C'est aussi l'occasion de réfléchir aux usages publics qui seront fait de cet "événement" : on se souvient que ces anciens soldats avaient refusé l'idée d'un hommage ou de funérailles nationales, et, partant, les récupérations ou instrumentalisations politiques qui pouvaient s'y opérer. L. Ponticelli avait fini par accepter le principe d'une cérémonie à condition qu'elle soit simple et n'oublie pas tous les autres combattants. Il ne fait guère de doute qu'une telle opération aura lieu: la nouvelle du décès a ainsi été annoncée par l'Elysée.
On renvoie pour comprendre ces enjeux à l'article de Nicolas Offenstadt, "Le pays a un héros: le dernier poilu", dans l'Histoire de mai 2007, à son entretien dans l'Express, et à son analyse sur notre site.
Mise à jour du 16 mars: nouveau texte de Nicolas Offenstadt sur "une anticipation du dernier poilu en 1938"
Mise à jour : Réponse à Ivan Levaï, "quel hommage pour quel poilu?"
André Loez
25 février 2008
Compte-rendu du colloque "Obéir/Désobéir" sur Histoire@Politique
La revue en ligne Histoire@Politique propose un compte-rendu du colloque de novembre 2007, "Obéir/Désobéir. Les mutineries de 1917 en perspective", par Romain Ducoulombier. Lire le compte-rendu...