16 avril 2008

Parution: les pertes de la guerre.

Le dernier numéro de la revue Le Mouvement Social propose un dossier intitulé "Enquêter sur la guerre". Il atteste d'un regain d'intérêt salutaire pour l'histoire sociale voire quantitative du phénomène guerrier au XXe siècle. On peut y lire en particulier un article d'Antoine Prost intitulé "Compter les vivants et les morts: l’évaluation des pertes françaises de 1914-1918", et qui constitue une mise au point documentée et désormais incontournable sur cette question.

Le chiffre global d'1,4 million de morts (dont les disparus) est confirmé et en même temps nuancé : il recouvre différentes réalités et englobe les militaires morts de maladie jusqu'en juin 1919 (75.000 environ) ainsi que les morts étrangers et coloniaux (75.000 environ). Les pertes militaires de la population française sont donc d'1,325 million, et parmi elles les morts directement liées aux combats 1,25 million.

Le mode de constitution des chiffres, les incertitudes statistiques, en particulier pour les blessés et malades, et les débats sur les pertes sont également étudiés.

10 avril 2008

Parution: témoignage de Jérôme Castan


Un « col blanc » dans la guerre.

« Carnets de guerre 14-18 », Revue de l’Agenais, n°1, 2008, pp. 57-94.

Lafon Alexandre, « Témoignage de guerre d’un « col blanc », Jérôme Castan (1914 – 1918), Revue de l’Agenais, n°1, 2008, pp. 95-112.

Jean Norton Cru notait dans Témoins en 1929 le peu de témoignages qu’il avait pu étudier de combattants non bacheliers. A regarder les nombreux récits de combattants publiés depuis, peu de témoin appartiennent à la catégorie des « cols blancs » : employés de bureau, de banques, liés à l’essor du travail salarié et des services dans la société française. La Revue de l’Agenais publie ce mois-ci un tel témoignage, le carnet de Jérôme Castan, âgé de 21 ans au début de la guerre, employé à la Société générale à Agen, mobilisé en octobre 1915, ayant combattu sur le front de l’ouest mais aussi en Italie à partir de novembre 1917. Un carnet riche d’informations et de notations rédigés au cœur de l’expérience militaire (incorporation) et combattante.

Une pièce de plus à verser dans le dossier d’une histoire sociale de la Grande Guerre.

4 avril 2008

Parutions: dernier poilu, violence de masse

Signalons deux parutions récentes:
-Dans le Monde diplomatique d'avril 2008, Nicolas Offenstadt revient sur l'hommage au "dernier poilu".

-Plus qu'une parution, c'est la mise en ligne d'un projet important: l'encyclopédie des violences de masses, dirigée par Jacques Sémelin (en anglais). Pour 1914-1918 on y trouve notamment des éléments sur l'empire ottoman et le génocide des arméniens.

1 avril 2008

Une réunion au Service Historique de la Défense (SHD) de Vincennes


La salle de lecture actuelle des archives de l'armée de terre

Lundi 31 mars se tenait une réunion organisée par le Département des publics et de la valorisation au Service Historique de la Défense à Vincennes. Des lecteurs du SHD y étaient conviés dans le cadre de la réorganisation et de la mise en œuvre de la « Charte Marianne », destinée à améliorer le fonctionnement du service et l’accueil des publics. Nous avons donc pu y assister et participer à une discussion fructueuse. En voici un compte-rendu partiel avec les quelques informations glanées depuis la salle.
L’exposé initial de la situation du SHD et des archives est d’un très grand intérêt : on savait le site inadapté, cela a été confirmé. Le pavillon des armes, salle de lecture actuelle des archives de l’armée de terre, est dans un état de vétusté et de sécurité qui limite le nombre quotidien de lecteurs. Surtout, la dispersion et l’éclatement tant des dépôts que des salles de consultation et de communication (bibliothèques, salles de lecture) et des services techniques (reliure, reproduction, etc.) génère de la confusion et des flux incessants – que tous les utilisateurs connaissent, qui ont vu des militaires traverser en tous sens les cours du château et les camionnettes transporter les cartons d’archives d’un point à un autre. De plus, le site est partagé entre le ministère de la Défense et celui de la culture qui gère et fait visiter le Donjon et la Sainte-Chapelle (monuments historiques) ce qui peut être source de difficultés supplémentaires pour les publics et les agents.
Ces publics sont justement d’une grande diversité. On a ainsi appris qu’il y avait 5.011 lecteurs inscrits, pour plus de 20.000 visites annuelles au SHD. Parmi eux, 1312 inscrits depuis plus d’un an. La composition de ce public est intéressante : 53% de généalogistes (!) contre 12% d’universitaires et étudiants, et 11% de chercheurs étrangers.
Un débat vif et vivant s’est instauré pour présenter les besoins voire les doléances de ces différentes catégories de lecteurs. Les responsables des archives ont indiqué qu’ils souhaitaient, conformément à la loi, assurer l’équité dans la communication des documents, en restant souples afin de permettre aux chercheurs et étudiants de consulter en cas de besoin (séjours parisiens limités, travaux universitaires à rendre…) des documents plus nombreux que les 3 règlementaires.
En tant que membre du Crid 14-18 et pensant à tous les collègues, provinciaux notamment, frustrés lors de séjours brefs, on a tenté d’attirer l’attention sur les difficultés qui peuvent alors se présenter : problèmes de réservations, de limites à la consultation de documents, d’accès aux cotes, etc.
Des suggestions et propositions ont ainsi été avancées depuis la salle. L’idée d’une ouverture « nocturne » (17-20h au moins) un jour par semaine a été avancée : cela permettrait à tous ceux qui travaillent de ne pas avoir à systématiquement prendre un jour de congé pour venir aux archives ! Comme pour l’ouverture hypothétique le samedi, toutefois, on se heurte là à des problèmes de personnel, dans un contexte peu propice aux recrutements
Plusieurs lecteurs, en particulier généalogistes, ont fait valoir la nécessité d’un système d’échanges ou de consultation à distance de documents (par chercheurs interposés – et éventuellement rémunérés) comme cela se fait, semble-t-il, à l’étranger. La difficulté est que le SHD n’a pas le droit d’orienter d’éventuelles demandes vers tel ou tel. On propose alors d’intégrer au site Internet du SHD un forum de discussion. La difficulté est, là encore, que le SHD n’aura pas forcément les ressources pour l’animer et le modérer. D’ici là, on peut en parler sur le Forum du Crid 14-18 par exemple !
On suggère aussi, concernant les nouvelles technologies, l’accès au WiFi dans les salles (envisageable, mais des problèmes de sécurité se posent) et un meilleur contrôle de la photo numérique, source souvent de nuisances sonores pour les autres lecteurs.
La grande question est celle de la numérisation des inventaires et des instruments de recherche. Pour certains d’entre eux (Ancien Régime) elle est sensible et coûteuse. On a pu (re)découvrir à cette occasion que de nombreux inventaires sont déjà en ligne, dont, ce qui est crucial pour la Grande Guerre, ceux de la série N.
Changements à l’horizon L’amélioration des services avec l’application de la « charte Marianne » est déjà sensible : ouverture le lundi des archives du SHD-terre depuis fin 2007. D’autres changements sont prévus : un déplacement de cette salle de lecture vers le Pavillon du roi (2e cour, à droite) à l’horizon 2009, où toutes les places seront équipées d’une prise électrique (!), ainsi que l’acquisition de 75 km linéaires supplémentaires de magasins au Fort Neuf de Vincennes (toujours un problème de flux à prévoir…).
La question des réservations qui focalise les critiques va être prise en compte : un standard et des postes Internet sont en cours d’installation au secrétariat, permettant de répondre plus facilement aux demandes. Dans l’ensemble, on doit souligner la grande disponibilité et le pragmatisme souriant et efficace des responsables du SHD, dans le fil du travail remarquable de ses agents. N’ayant pu assister à l’ensemble de la réunion, on indiquera simplement pour finir que le SHD souhaite continuer à s’améliorer en lien avec ses lecteurs, dont les associations qui peuvent constituer un relais et un interlocuteur. Au Crid 14-18, nous serons très heureux d’y travailler, d’autant que nous réalisons un Guide des sources de la Grande Guerre.
André Loez
Crid 14-18